J’ai derrière moi cette image. Une vie pleine de terre qui grouille d’ennuis. Un orage, une tempête et mon cœur gros comme un flocon s’essouffle. J’ai derrière moi un vieux rêve. Inachevé. Au pied du mur, j’ai abandonné ceux qui m’entouraient pour rencontrer les regrets. Mais pourtant,…
J’ai devant moi ce paysage. Une terre calme qui grouille de vie. Un ciel azur, une plaine anis et mon cœur gros comme un pamplemousse chahute dans ma poitrine. J’ai devant mes yeux un rêve. Cette réalité quotidienne qui nous entoure comme un drap nous enlace mais que l’on rejette au pied du lit.
Je peux voir et entendre ce qui doit être un cours d’eau. Un reflet éblouissant et un lointain ruissellement qui se confond avec des bruissements de feuilles mortes. Ce frétillement automnal du hérisson qui se faufile entre les jaunes, les rouges, les oranges, les marrons et les châtaignes à la recherche d’un délicieux lombric égaré. La nature a ce don fascinant de ravir même le plus désintéressé des individus. Malgré cela j’en reviens toujours au passé…
Il est bien trop présent.
Il hante mes nuits et gâche mes journées, exacerbe mon ennui et multiplie mes pensées. Il fait s’emballer mon cœur et épuise mes poumons.
J’inspire, j’expire. J’espère te revoir un jour.
J’inspire, j’expire. Exaspéré par l’amour que je n’ai pas su te donner je tremble à l’idée que tu m’aies oublié.
J’inspire, j’expire, ressasse le pire et frissonne en pensant que tu puisses insouciamment m’effacer pour de bon.
J’inspire, j’expire et me calme un instant. J’ai devant moi l’avenir auquel je songe si peu souvent. Je dois sécher mes larmes et aller de l’avant, laisser dormir mes remords, puis courir jusqu’au ruisseau et me plonger dedans.