Episode 1, Episode 2 , Episode 3
- …Décollage !
Pendant cinq minutes alors qu’ils traversent successivement les différentes couches de l’atmosphère terrestre, les quatre passagers de la navette observent un silence qui traduit leurs émotions :
- « Ouf » pense Mark qui avait un peu peur d’échouer dans cette étape délicate. « Plus rien ne nous arrêtera maintenant ! »
- « Enfin ! » s’exclame intérieurement Jack Beckman. « J’ai bien cru que
tout allait se terminer ici ! »
- « C’est là que tout commence » réalise Victoria. « Jack m’en demande trop, je ne sais pas comment je vais y arriver… »
- « Mais merde » panique Andy. « Pourquoi ai-je suivi mon instinct ? »
Alors que le vaisseau prend la direction de la lune le silence est brisé.
- Nous serons au Bold’R dans 36 heures annonce Mark à tout le monde. Ça va ? Vous avez supporté la pression ?
- Euh ? Tu parles du décollage ou de l’ambiance au sol ? Enfin tu me diras, ni l’un ni l’autre pour ma part, plaisante le jeune Beckman qui cherche à retrouver doucement ses esprits.
- Si ça peut te rassurer l’alunissage est bien plus confortable, affirme Victoria.
- Tant mieux parce que pendant un instant j’ai pensé que ma tête allait exploser. Ah euh oui et Mark, le Bold’R ? C’est la région française de la lune où nous allons ?
- Pas tout à fait, explique Jack à son fils, c’est précisément la station où se situe le laboratoire déserté dans lequel nous comptons poursuivre nos recherches. Bol d’air signifie « bouffée d’oxygène » en français. C’est la première base spatiale autosuffisante qui a été créée dans les années 20. Son système de transformation chimique permet de fournir de l'air riche en oxygène en continu sans consommation d’énergie ou presque. Bref, espérons que le système soit toujours en place.
- D’après les relevés que j’ai consultés à Paris tout était encore en état il y a 10 ans, souligne Mark.
- Hum, nous verrons bien, autrement nous nous équiperons, conclut Jack. Bon d’après mes souvenirs en appuyant sur le bouton le long de votre accoudoir, votre siège pivotera et s’inclinera afin que vous puissiez dormir.
Andy et Victoria essayent aussitôt. Ils se retrouvent alors face à face. Elle lui lance un regard charmant mais les sièges basculent et les deux jeunes ont alors la tête orientée vers le plafond de la navette. Deux électrodes viennent s’appliquer sur leurs tempes. Andy qui souffrait jusqu’ici de fortes nausées se sent alors complètement soulagé car il ressent de nouveau une réelle pesanteur. Il ferme alors ses paupières et s’endort calmement.
**
Lorsque le jeune Beckman rouvre les yeux, le visage de Victoria est penché sur lui, elle semble inquiète.
- Il se réveille, dit-elle.
- Quoi ? demande-t-il. Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu te sens bien ?
- Oui pourquoi ? s’agace Andy.
- Tu as dormi 18 heures fiston, un vrai bébé.
Le jeune homme s’étire. Il se sent reposé mais n’a pas l’impression d’avoir tant dormi. Mark, l’ingénieur est toujours à l’avant de la navette. Et la lune devant eux est désormais aussi grosse que la terre quelques minutes après l’avoir quittée.
- On ne devait pas arriver dans… on ne devait pas arriver demain ?
- C’est ce que je pensais, explique Mark, mais c’était sans savoir que ces nouvelles générations de navettes sont de vraies fusées…
Ils rient tous en cœur et le vieil homme corrige réalisant ce qu’il a dit :
- De vrais bolides quoi…
La lune occupe bientôt tout leur champ de vision. Ils peuvent voir distinctement les bases lunaires. Andy découvre pour la première fois à quoi ressemble la lune de si près. « C’est si triste » réalise-t-il intérieurement. Il observe avec attention ce surprenant tas de poussière gris et rocailleux. Son père le regarde, ému.
- C’est ici que nous allons rebâtir notre Humanité fiston ! C’est touchant quand on y pense, c’est sur ce bout de terre en orbite autour de notre planète depuis des millénaires que nous allons refonder notre vraie nature.
Après un instant il ajoute encore plus solennellement :
- Désormais, l’avenir de l’Homme est entre nos mains.
Mark sourit :
- A t'entendre l'ami on pourrait se prendre pour les quatre fantastiques... En attendant on va devoir survoler la base américaine et je ne serais pas étonné qu’ils aient été mis au courant de notre excursion. Il va falloir faire vite pour rejoindre le Bold’R.
- Une fois sur le territoire français, ils ne peuvent plus rien contre nous ? questionne Andy.
- En théorie, non. En dessous d’une certaine altitude nous sommes dans ce qu’on appelle l’espace aérien lunaire, tant qu’ils n’ont pas l’autorisation directe des autorités du pays ils ne pourront pas intervenir si on se trouve dans la partie française.
- Et vous avez entièrement confiance en la France ? insiste le jeune homme. Il jette un œil à Victoria qui semble contrariée et ajoute : ce n’est pas contre toi c’est juste que…
- Ne t’en fais pas, dit-elle affichant un sourire à peine crispé. Tu sais les gouvernements sont tous les mêmes. Il y en a juste certains qui sont plus liberticides que d’autres. Je pense que la France ne nous trahira pas, une partie des politiques français soutient même les recherches sur les embryons biologiques.
- MERDE !
Mark montre du doigt un petit écran du gigantesque tableau de bord. Deux chasseurs sont représentés sur celui-ci.
- Nos compatriotes sont là pour nous accueillir… dit-il sur un ton grave.
- Ils sont devant ou derrière nous ? demande Jack.
- Derrière heureusement ! Mais j’ai intérêt à enclencher les turbos si on veut
éviter d’être réduit en miettes.
- Et bien, qu’est-ce que tu attends ?! s’énerve le vieux Beckman.
- Lâche moi 3 secondes, tu te doutes bien que c’est ce que j’essaye de faire ! On ne doit plus avoir suffisamment de réserves pour faire fonctionner les propulseurs électromagnétiques.
Mark a l’air paniqué. Pendant 5 longues minutes il tente plusieurs fois d’enclencher le réacteur plasmagène qui permettrait de gagner en vitesse de manière considérable mais en vain. Les deux vaisseaux de l'Alliance se rapprochent dangereusement quand soudain :
- NON ! JE N’Y CROIS PAS ! crie-t-il.
Les trois autres ne comprenant pas plissent des sourcils terrifiés. L’ingénieur ajoute alors :
- ON L’A FAIT ! ON Y EST ! ON EST EN FRANCE !
Alors que la navette amorce sa descente vers la base française les quatre passagers soulagés observent un nouveau silence presque identique à celui qui a suivi le décollage.
- « Ouf » pense Jack rassuré. « Plus rien ne nous arrêtera maintenant ! »
- « Enfin » s’exclame Mark intérieurement. « J’ai bien cru que tout
allait se terminer ici ! »
- « C’est là que tout recommence » se persuade Andy. « Je dois oublier Julia, elle m’a détruit ! »
- « Mais merde » panique Victoria. « Pourquoi ai-je suivi ces vieux fous ? »
A suivre...