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Il y avait dans mon enfance un sentier perdu qui ne menait nulle part. Des ronces le bordaient et des fleurs sauvages de toute part étaient éparpillées. Il partait du bout de la rue de nos vacances et grimpait lentement sur le dos d’une colline. Je l’empruntais au moins une fois à chaque séjour quand mon cœur m’y trainait, souvent mélancolique. Ce chemin a entendu mes peines, même celles que j’ai oubliées. J’ai cru longtemps être le seul à le suivre mais la raison m’a fait comprendre un jour qu’un sentier devait être battu pour demeurer.

 

Il y avait à mi-chemin un escalier étrange. Des marches il y en avait mais combien je l’ignore. Si étrange, je vous l’avoue,  j’en ai perdu la tête. Dès la première fois que j’ai monté ses marches, je m’étais amusé à les compter. Il y en avait cent-deux et de la terre ou cent-trois et des poussières. Qu’importe car aujourd’hui, il n’en reste que huit.

 

Il y avait dans mes souvenirs des marches de toutes les matières. Certaines étaient de terres, d’autres de bois. Certaines de pierres et de je-ne-sais-quoi. Je n’ai jamais pris la peine de chercher pour quoi cet escalier avait été bâti. En haut de la colline, il n’y avait qu’une couronne d’arbres qui délimitaient son sommet. Au centre un rocher où je venais pleurer.

 

Il y avait là-haut quelque chose d’aérien. Je me sentais plus léger et plus si moins que rien. J’avais la sensation de renaitre autrement. De pouvoir un peu récupérer du temps, pour essayer au moins de revivre de bons et savoureux moments. Aujourd’hui je reviens alors qu’elle est partie, ma moitié, mon amie, celle que j’ai tant chérie.

 

Il y avait en elle quelque chose de superbe. Je voyais dans ses yeux une route sans reliefs qui coupait à travers un champ de roses. Je pouvais me plonger ainsi dans ses yeux sans avoir à faire l’effort de gravir des sommets. C’est alors que j’ai compris pourquoi cet escalier étrange. Alors que la vie s’affronte, l’amour se vit. Ce n’était pas des marches mais mes années. Il n’en reste que huit de terres, encore huit ans alors et je serais poussières.

 

Il y avait..., Cogitograf, 2012

Tag(s) : #Poésies
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